Si il existe une compétence qui est rentable sur le long terme pour un formateur en simulation, c’est bien l’écoute. L’écoute n’est pas, comme on l’imagine un processus passif servant à capter les informations émises par la bouche de son interlocuteur. L’écoute est plus complexe. Celui qui écoute est souvent celui qui apprend le plus, qui comprend le plus. Les personnes introvertis sont souvent des personnes qui apprennent vite et bien, probablement grâce à leur capacité d’écoute plus importante. Dans cet article, on se plonge dans l’exploration de cette faculté extraordinaire qu’est l’écoute et on tente d’en tirer profit pour nos formations en simulation.
Un peu de physiologie
Que se passe t-il vraiment quand on écoute. Le son parvient jusque dans notre appareil auditif et il est transformé en signal électrique et envoyé dans une zone très particulière du cerveau qui s’appelle le cortex temporal. Jusqu’ici, rien de méchant, l’intégration d’un stimulus extérieur par le cerveau, une de ses prérogatives principales. Au passage, j’ai appris en faisant des recherches pour écrire cet article que la taille des oreilles pouvait prédire le vieillissement.
Ce qu’il est important de noter c’est que l’audition est une des premières causes de déclin cognitif selon le rapport de la Commission du Lancet en 2020. Il est donc important de considérer l’écoute comme un moteur de réflexion et de compréhension de son environnement. Une chose est sûre et pleine de bon sens, quand on parle, on n’écoute pas vraiment ce que dit l’autre: un beau plaidoyer pour le silence.
Pourquoi c’est important en simulation
Lors de votre session de simulation, vous allez être l’animateur actif pour la présentation, le briefing, le débriefing et la synthèse finale. Mais lors de chaque étape, et cela dès l’accueil des participants, vous allez aussi observer ce qu’il se passe pour votre groupe d’apprenants et surtout écoutez ce qu’il se dit.
Un apprenant vous demandera « À quelle heure cela fini ? » dès les premières minutes de la journée. Un autre dira à son collègue du même service « On passe ensemble sur le scénario s’il te plait ! ». Toutes ses petites phrases sont des pépites pour le formateur car elles lui permettent de s’approprier petit à petit la dynamique de groupe et d’ajuster sa proposition pédagogique. Dans tous les cas, être à l’écoute vous permettra de donner une expérience pédagogique plus adaptée à tous les coups.
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Les différents niveaux d’écoute
Pour faire simple, on écoute les mots. Il faut bien que le signal arrive au cerveau. Le contenu est donc important. Mais on écoute aussi les attitudes, les mimiques, les intonations, la sonorité et la mélodie de la voix de celui ou celle qui parle. Enfin, on écoute le para-verbal qui permet d’attraper plus d’intention chez l’apprenant. Et c’est là qu’on écoute son intuition qui nous permet d’aller questionner plus en profondeur des choses vues et entendues pendant la simulation. Si on s’arrête à ce qui est dit, on entend le message dans une communication et on peut discuter de sa qualité, de sa technicité. Si on écoute en profondeur, on entend l’intention d’une des 2 parties et on peut questionner d’autres points importants comme le niveau de directivité, l’empathie ou l’inquiétude. On écoute donc:
- ce qui est dit
- comment cela est dit
- ce qui n’est pas dit avec des mots
- l’impact que cela a sur nous et les autres
Etre à l’écoute de tous et même de soi
Écoutez les mots, le paraverbal et le non-verbal des autres est une chose mais sachez qu’il faut aussi, dans ses moments être à l’écoute de soi-même. Pas de considération psychologique ésotérique ici, il s’agit de savoir quels effets peuvent avoir des comportements, attitudes ou paroles d’apprenants pour être certain de maintenir la sécurité psychologique de tout le groupe mais aussi la votre. Si un apprenant vous dit « Vous nous avez fait revenir du stage pour ça ? », en parlant de votre journée de simulation durement préparée, il se peut qu’il y est en vous une voix qui vous conseille de réagir à cette remarque de manière inappropriée. La bonne attitude serait d’écouter votre réaction, de la nommer intérieurement ou extérieurement d’ailleurs afin de proposer une réponse non pas réactive mais constructive en questionnant, comme toujours, la raison de cette réflexion. Vous pourriez par exemple répondre « Je suis conscient que tu as l’impression de perdre du temps clinique car les temps de stage sont peu nombreux, et je suis curieux de savoir comment cette journée pourrait t’apporter quand même des connaissances nouvelles car tu partages aussi une expérience avec tes collègues et tes formateurs ». Et bien sûr, dans des situations de co-débriefing, on écoute activement son partenaire, en regardant ses gestes, ses mimiques, ses réactions.
Enfin, je dirais qu’il faut, dès le départ être à l’écoute des besoins de formation et travailler avec acharnement avec les équipes qui vous sollicitent pour faire de la simulation. Encore une fois, l’écoute active vous permettra de ne pas vous engager dans des initiatives non pérennes et qui n’apportent pas le maximum à l’équipe. Et dès fois, vous serez surpris de votre réponse qui pourrait être: “Nous avons bien analysé vos besoins et il semblerait que la simulation ne soit pas une solution pour votre équipe.”
Si vous croyiez qu’il fallait écouter seulement avec vos oreilles, j’espère que cet article vous aura permis de comprendre qu’on écoute avec ses oreilles, certes mais aussi avec ses yeux, ses sensations et ses intuitions de formateurs.
« Le plus beau métier du monde c’est celui d’enseigner à la future génération, et le deuxième plus beau métier du monde est d’enseigner à la future génération de soignants » Fouad Marhar
Non-technical skills, such as listening is a critical skill for all healthcare providers and educators. Listening is a key concept in assessment. All healthcare providers need to listen for cues and information that patients, families, and team members offer, however, we must be attentive and actively listen.
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Références: